• Chiloé, un coin de Bretagne dans l’hémisphère sud

    Après Santiago, mégapole à la fois tranquille et dynamique, et Pucón, petite cité montagnarde et touristique, nous changeons radicalement de décor : depuis Puerto Montt, ville portuaire sans grand intérêt, nous embarquons pour l’île de Chiloé : 250km de long, 50 de large, une moitié ouest majoritairement occupée par une forêt dense et humide tandis que la côte est rassemble la plupart des bourgs de l’île, voilà pour les données géographiques ; côté ambiance, un ciel souvent gris, des ports balayés par les vents, des hameaux isolés, disposant chacun d’une magnifique église en bois coloré, des légendes encore bien prégnantes, c’est sûr, un air de Bretagne flotte par ici !


    Chiloé, un coin de Bretagne dans l’hémisphère sudNous commençons notre voyage en terre chilote par la visite d’Ancud, située à l’extrême nord du territoire : 30 000 âmes, trois rues commerçantes, une Plaza de Armas centrale et un seul bar (!), mais une jolie baie qui vaut surtout pour le fort San Antonio et ses canons braqués vers l’océan, témoin du passé prestigieux de la ville dans son rôle de gardienne de la route maritime vers le Cap Horn.

     

    Chiloé, un coin de Bretagne dans l’hémisphère sudLe lendemain, nous partons à la découverte de l’autre grosse ville de l’île, Castro : elle est dotée d’une superbe cathédrale bleue et crème et de ravissantes maisons colorées sur pilotis, mais toute capitale qu’elle est, le dimanche, à 13h, on peut y mourir de faim ! Heureusement, un café allemand s’y est implanté et, faisant fi du repos dominical, nous fournit un repas pantagruélique !

     

    Chiloé, un coin de Bretagne dans l’hémisphère sudDe Castro, située au centre de l’île, nous rayonnerons de tous les côtés. Nous partons d’abord vers l’ouest. Très peu urbanisé (si tant est qu’on puisse considérer que le reste de Chiloé l’est !), couvert en majorité de forêts formant un parc national important, sa côte est quasiment vierge, balayée par les vagues furieuses du Pacifique, que rien n’a arrêté depuis la Nouvelle-Zélande. Nous nous arrêtons à Cucao, soit quelques maisons délabrées bordant l’immense lac éponyme, le Pacifique et le parc national. Position stratégique s’il en
    est, que seuls quelques autochtones habitent à l’année. Nous trouvons là une auberge-restaurant dans laquelle nous logerons pendant 2 jours. Les vitres sont ébréchées, le mobilier et la plomberie vétustes, mais nos hôtes sont d’une telle gentillesse que le reste importe peu.
    Chaque soir, le propriétaire nous confie son établissement pendant qu’il raccompagne sa femme Chiloé, un coin de Bretagne dans l’hémisphère sudchez son père, puis une fois revenu, nous invite dans sa cuisine où, au chaud auprès du poêle tandis que la pluie frappe les vitres, nous discutons tranquillement de sa vie, de son travail et des légendes qui habitent les lieux : sirènes envoûtantes, nain fripon (qui met les jeunes filles célibataires enceintes au premier coup d’œil…), animaux aux pouvoirs magiques, c’est tout un folklore que nous découvrons en sa compagnie, dans ce coin paumé de Chiloé qui restera profondément gravé dans notre mémoire.

     

    Chiloé, un coin de Bretagne dans l’hémisphère sudMalgré le ciel gris, nous partons à la découverte du parc de bon matin, espérant y débusquer le pudú, tout petit cervidé d’une trentaine de centimètre. Mais le pauvre, proie privilégiée des chiens errants, est peureux et ne pointera malheureusement pas le bout de son nez… Nous restent néanmoins, pour nous consoler, de magnifiques paysages à contempler, au cœur d’une forêt épaisse et verdoyante de fougères et de lianes, puis à travers une végétation rase ponctuée de ronces couvertes de mûres (mmmh !), pour aboutir enfin au bord du Pacifique, dont les rouleaux énormes viennent éclabousser une plage déserte… Après une courte escale au bord du lac Cucao, nous décidons de rentrer : il était temps, quelques petites gouttes viennent s’écraser sur notre front. Nous ne sommes qu’à 10 minutes de l’auberge, mais nous y parviendrons malgré tout intégralement trempés !

     

    Chiloé, un coin de Bretagne dans l’hémisphère sudAprès Cucao, nous rejoignons Castro d’où nous partons pour l’est, à la découverte de l’île de Quinchao, petit morceau de terre à peine détaché de Chiloé. Nous gagnons Achao, un petit port de pêche qui nous offre un coucher de soleil magnifique sur le paisible golfe d’Ancud d’où se détachent, au loin les pointes enneigées de la Cordillère. Sa petite église en bois, rescapée d’un incendie qui ravagea la ville au XVIIIème siècle, est la seule que nous pûmes visiter : parquets cirés, fines colonnades de bois et magnifique chaire richement décorée, que de trésors cachés derrière une façade d’une simplicitéChiloé, un coin de Bretagne dans l’hémisphère sud désarmante ! Seul point noir de notre séjour : notre nuitée dans l’auberge d’une psychopathe, qui avait couvert les murs d’avertissements à l’attention de ses hôtes : « vous n’avez droit qu’à une seule douche par nuit payée ! », « il est strictement interdit de laver ses affaires ! », ou encore, la meilleure : « si ces pancartes vous dérangent, ne les enlevez pas, je ne peux pas répéter ces instructions à tout le monde ! »

     

    Chiloé, un coin de Bretagne dans l’hémisphère sudNous quittons ce lieu hostile dès le lendemain pour une virée dans l’autre bourg de l’îlot : Curaco de Velez : de jolies maisons de bois, manquant pour certaines de s’effondrer, une plage à marée basse dont les navires échoués servent de repères aux jeunes du village et une bande de chiens (dans les faits une pauvre femelle poursuivie des ardeurs de 6 mâles…) qui ne cesse de nous suivre durant l’heure et demie que nous passerons sur place !

     

    Chiloé, un coin de Bretagne dans l’hémisphère sudNous regagnons ensuite Chiloé pour passer la nuit à Dalcahué, petit village sur la côté est de l’île, réputé pour sa foire artisanale et ses produits de laine en particulier. Aude ne résistera pas à la tentation d’investir dans des chaussons fourrés en laine, qui la rassurent beaucoup à la perspective d’un séjour à Ushuaia à -15°C… Nous décrochons le gros lot en matière d’hébergement : un petit appartement avec vue sur l’église du village, 3 chambres, cuisine et salle de bain rien que pour nous ! Nous profitons de cette intimité inespérée pour nous mitonner un bon petit repas !

     

    Chiloé, un coin de Bretagne dans l’hémisphère sudNous quittons ce refuge douillet le lendemain, sans penser y revenir. Nous souhaitions en effet visiter deux villages aux églises particulièrement recommandées, mais une fois arrivés à Tenaún, notre première étape, nous apprenons qu’il n’existe pas de liaison avec Quemchi. Nous retournerons dormir à Dalcahue, pour notre plus grand plaisir ! Tenaún constitua notre coup de cœur sur l’île : nous étions les seuls touristes dans ce village reculé, qu’on atteint après plusieurs kilomètres de piste ; l’église bleue était toutChiloé, un coin de Bretagne dans l’hémisphère sud simplement magnifique, surtout sous un ciel limpide ; la plage de galets, immense, dévoilait une mer d’huile, bordée par les Andes : quelques navires flottaient, et les nageoires caudales de dauphins sont même tout à coup apparues ! Une jolie balade, le long de la plage, sur un chemin bordé de mûres, a clôturé en beauté à la fois cette superbe journée et notre merveilleux séjour sur Chiloé qui s’achevait le lendemain.

     

    Après une semaine de déambulations tranquilles, nous voilà repartis sur les routes, direction l’Argentine. Notre objectif n’a pas changé, le Sud, mais nous évitons par ce crochet la région chilienne de Puerto Aysen, bloquée par des manifestations contre l’augmentation du coût de la vie (c’est incroyable, ces gens qui se plaignent de ne pas pouvoir manger !). A nous la région des lacs, côté argentin cette fois !


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