Sukhothai est au royaume de Thaïlande ce que Rome est à l'empire romain : sa première capitale, son symbole national et l'âge d'or d'une civilisation. Ayuthaya fut sa Byzance, l'éclipsant d'abord, puis la détrônant.

Les deux villes sont situées dans le centre de la Thaïlande, région généreusement arrosée tout au long de l'année mais à l'ambiance torride la saison sèche venue. Nous avons pu le vérifier pendant quatre jours en supportant des températures au-dessus de 30°C et en constatant les stigmates de la récente inondation d'Ayuthaya. Le cocktail est détonant : beaucoup de Thaïs à la rue dans des tentes, maisons détruites, ordures et cadavres d'animaux pourissant au soleil, escadrilles de mouches et de moustiques omniprésentes. Et aussi beaucoup de gens au travail, rebâtissant, nettoyant, repeignant et accueillant les voyageurs que nous sommes à bras ouverts ! (oui, nous n'étions pas nombreux...)

Sukhothai présida les destinées du royaume aux XIIème et XIVème siècles ; on y inventa l'alphabet thaï sur le modèle sanskrit et elle fut également le centre des arts bouddhiques de cette période. Nous avons pu y admirer des prangs d'influence khmère, des chedis ciselés et des bouddhas élancés au nez aquilin et au visage ovale respirant la sérénité. Quelques statues de belle taille également, le tout disséminé dans un périmètre verdoyant tacheté d'étendues d'eau croquignolettes couvertes de lentilles et de fleurs de lotus. Autant vous dire que la balade à vélo a du charme !

Nous avons également fêté sur place deux anniversaires extrêmement importants : premièrement les trente ans d'Aude et deuxièmement les quatre vingt quatre ans du croulant roi de Thaïlande Rama IX. Cela fut prétexte à un bon resto arrosé d'une bonne bouteille de Bourgogne apportée par Mathieu (merci !), à un défilé public et à un concert organisé dans le parc historique ! Belle fête couronnée par une déambulation nocturne au milieu des temples dont les bouddhas étaient seulement éclairés par la lune. Inoubliable!

Ayuthaya est plus urbaine que sa consoeur. Elle fut capitale quatre siècles durant, avant que le roi ne décide de s'installer à Bangkok. Nous nous sommes promenés au milieu de chedis en cloche, de hauts prangs sculptés et de bouddhas gigantesques ou sculptés dans des positions rares (assis à l'européenne par exemple). Les distances beaucoup plus grandes entre les sites et la chaleur suffocante en ont rendu l'exploration moins aisée, mais le jeu en valait la chandelle.

Après tant de chaleur et de festoiements, il était temps d'aller nous mettre au frais et de ne côtoyer que les animaux sauvages - croyions nous ! - dans leur habitat. Nous avons donc pris le train en 3ème classe, pour la première fois en Thaïlande, et n'avons pas été déçus : fenêtres ouvertes (pas de clim), marchands de nourriture qui déambulent sans discontinuer dans le train en essayant de vendre des mets à l'odeur parfois fétide, alcooliques en pleine sieste, etc. Notre arrivée à Pak Chong fut vécue comme une délivrance !