• Plages et batucadas : Salvador de Bahia!

    Le rythme soutenu de cette dernière semaine avait engendré une fatigue certaine chez nos deux voyageurs, la qualité des nuits en bus n'étant pas à la hauteur de celles dans un lit. L'étape de Mangue Seco, plage idylique de l'Etat de Sergipe, arrivait à point nommé pour nous permettre de récupérer, avant vivre successivement la folie des nuits de Salvador, puis de Rio de Janeiro !

    Plages et batucadas: Salvador de Bahia!

    Mangue Seco est une presqu’île située au Nord de Salvador da Bahia. Y aller en transport en commun nécessite déjà une bonne dose de patience. Un bus de nuit au départ de Recife, deux minibus et un bateau et, 13h plus tard, nous abordons le petit village. Notre pousada est un écrin de verdure tropicale, au bord du rio Real, où gambadent en liberté chats, lapins, cochons d’Inde et crabes. Une foule de hamacs complète le panorama, comme un appel au farniente. Quant à la place centrale du village, elle est faite du sable des dunes environnantes. La petite église s’élève au centre, et dans les quelques demeures qui l’entourent, on entend les habitants s’affairer, on croise les filets de pêche étendus au soleil, tandis que les lanchas pétaradent le long du fleuve. La « mangrove sèche » a refusé la construction d’une route destinée à la désenclaver, révélant une volonté farouche de ne pas céder aux démons de la modernité.

     

    Plages et batucadas: Salvador de Bahia!Mais, disons le tout net, tout n’est pas rose ! Nous débarquons dans l’île un samedi de vacances et sommes horrifiés par le nombre de buggies rugissants qui envahissent les dunes et les plages ! Ils transportent des touristes bedonnants, incapables du moindre effort, de place en place, où les attendent cocktails et tubes de l’été. Pour le côté paradisiaque, c’est raté ! Néanmoins, la mer est chaude et le temps au beau, on en profite ! Le soir, seconde dégelée : les prix des restaurants sont deux fois plus élevés que dans une station balnéaire comme Morro Branco ! Comble du comble, poissons et fruits de mer sont congelés, et plus chers que la viande !! Malgré les apparences, on est donc là pour faire du fric à peu de frais…

     

    Plages et batucadas: Salvador de Bahia!Heureusement, vint le dimanche et le lundi où, seuls touristes du village (ou presque), nous pûmes profiter d’une autre partie de la plage (longue de 45km) sans touristes, sans buggies, au milieu des dunes vierges et des cocotiers, avec pour seuls compagnons des bovins et des chevaux sauvages. Le cliché de la plage de sable banc aveuglant, sans personne à l’horizon, un bonheur ! De l’autre côté de la presqu’île, le niveau du rio Real suit celui de la marée, couvrant et découvrant des bancs de sable qui supportent les pilotis des cabanes de pêcheurs. L’eau y est aussi chaude que l’océan, et les couchers de soleil, brûlant les nuages épars, fabuleux ! C’est ainsi que nous passâmes trois jours à ne rien faire, attendant avec angoisse des nouvelles de nos billets d’avion vers les Etats-Unis, puis la France, malencontreusement annulés par American Airlines…

     

    Plages et batucadas: Salvador de Bahia!L’agitation de Salvador de Bahia contraste singulièrement avec le calme de Mangue Seco. La « Rome noire », morceau d’Afrique transporté de force au Brésil avec 80% de la population descendant d’esclaves, vibre au son des rythmes importés du continent noir. Ses 365 églises carillonnent les louanges de tous les Saints de la baie, ainsi que l’inspiration de Diego Alvares, premier marin portugais à épouser une « sauvageonne » locale qui deviendra Catherine du Brésil, en étant baptisée à Saint Malo en 1528. Cette union ouvrit l’ère du métissage dans le pays, les colons portugais, laissant leurs épouses au pays, se remariant avec les femmes locales. L’expansion du commerce de la canne à sucre entraîna, à la même époque, un intense trafic de main d’oeuvre noire esclave en provenance d’Afrique. Contraints d’adopter la religion de leurs maîtres, ils continuèrent, à l’instar des indiens des colonies espagnoles, à pratiquer leur foi, réalisant une fusion entre catholicisme romain et animisme africain.

     

    Plages et batucadas: Salvador de Bahia!Héritière de cette histoire riche et tourmentée, Salvador apparaît comme une cité pleine de caractère et de contradictions : architecture coloniale colorée, couvents richissimes côtoyant les églises aux saints noirs édifiées par les anciens esclaves, bouillonnement artistique et tradition capoeiriste, carnaval populaire, favelas (la misère n’est jamais loin…), face aux quartiers luxueux protégés par des barbelés et des clôtures électriques, semblables à celles utilisées pour garder le bétail dans nos contrées. Ce patchwork de la ville haute domine, depuis son piton rocheux, la baie de tous les Saints, petite mer lovée dans les terres, bien à l’abri de la fureur de l’océan. Des funiculaires valparaisiens permettent de rejoindre la ville basse, au bord de l’eau. Le petit port et l’ancien marché aux esclaves sont bordés par les tours soviétiques du nouveau quartier d’affaires, où le commerce et la consommation de crack vont bon train à la nuit tombée.

     

    Plages et batucadas: Salvador de Bahia!Notre séjour à Salvador commença sous les meilleures auspices : petite auberge sympathique au bord de l’eau, choc esthétique sur la Praça municipal, où la vue dégagée sur la baie n’est gâchée que par les immondes buildings de la ville basse. Le Terreiro de Jesus, dominé par la silhouette massive de la Basilica da Sé, se couvre de terrasses et de stands de caipirinhas. Les façades colorées du Largo do Pelourinho s’embrasent, au coucher du soleil, tandis que les locaux vont remplir les églises où résonneront bientôt des accents de gospel mêlés aux rythmes latins. A la fin de notre première caipirinha, le centre-ville s’enflamme soudain au son des batucadas, groupes de percussionnistes locaux qui parcourent les rues ; une sorte de répétition générale permanente du carnaval de l’été.


    Plages et batucadas: Salvador de Bahia!Salvador recèle également d’autres perles que nous prîment le temps de découvrir les jours suivants : comme dans toute cité importante d’Amérique du Sud (ou presque), un couvent São Franscico aux dorures indécentes et aux azulejos superbes, dans la plus pure tradition lisboète. Un dédale de petites rues pavées, bordé de maisons anciennes, s’enfonce dans le quartier du Carmo, où les locaux constatent le passage du temps, assis devant leur bière, entourés de leurs amis. Dans le quartier de Barra, au bord de l'eau, de jeunes surfers tentent de dompter les vagues de l'Océan Atlantique, tandis que leurs compères rivalisent de talent au football sur la plage.

     

    Sentant la fin de l'année s'approcher, nous avons profité de notre étape farniente à Mangue Seco, puis de l'ambiance électrique et festive de Salvador, sachant que nous allions atteindre le summum de la furie festive brésilienne à Rio de Janeiro !

     


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