Elles sont internationalement connues et partagées à regret par l'Argentine et le Brésil. Elles ont plusieurs orthographes suivant la langue dans laquelle on les convoque. Iguaçu pour les Brésiliens, Iguazú pour les Argentins, Iguassu pour les Etats-Uniens, ce sont... les chutes ! Nous avions choisi de conclure notre périple argentin par l'une des merveilles de ce continent, et nous n'avons pas été déçus...

Sur les conseils avisés de notre guide, nous avions choisi de faire de Puerto Iguazú, charmant village aux rues pavées saupoudrées de latérite rouge, qui n'a pas encore tout à fait sombré dans le délire du béton, notre camp de base argentin pour l'exploration de ce monument naturel. Logés dans une charmante auberge de brique rouge circonscrite par la végétation tropicale, nous fêtâmes nos retrouvailles avec les moustiques, que nous avions abandonnés depuis la Nouvelle Calédonie…

Nous commençâmes la visite des chutes par le côté brésilien, justement décrit comme « le point de vue du photographe », car il donne une vue d’ensemble du site, tandis que les Argentins ont le nez dessus. Au matin, nous nous rendîmes donc au Brésil, fûmes abandonnés par notre bus au bord de la route, sans tampon brésilien sur notre passeport (immigrés illégaux, en somme…), revînmes à pied à l’immigration du Brésil pour constater que le tampon d’entrée n’était pas nécessaire si l’on rentrait en Argentine le jour même et sautâmes dans un taxi direction le parc, après que Michel ait décidé que nous avions assez perdu de temps !

Dans le « Parque Nacional do Iguaçu », tout est privatisé ! Impossible de se promener à son gré sur des chemins balisés, il faut payer pour marcher. En conséquence, nous fûmes pris en charge par un bus qui nous amena au début du seul sentier d’un kilomètre qui soit inclus dans l’entrée du parc. Toutes ces considérations mercantiles mises à part, la découverte des premières chutes nous laissa sans voix, littéralement hypnotisés par le vacarme et la puissance de l’eau. Alors que nous essayions de nous remettre d’aplomb en préparant des sandwiches que nous allions déguster devant ce spectacle, nous fûmes soudain trahis par un coati, cet animal qui nous semblait balourd et mignon et qui subtilisa d’un agile coup de patte nos réserves de pain avant de filer dans les fourrés !

Un maigre déjeuner de bananes écrasées dans le ventre, nous poursuivons la balade le long des chutes, et débouchons enfin sur le clou du spectacle : la « Gorge du Diable ». 900 mètres de circonférence, un fracas de tonnerre et un nuage de gouttelettes permanent que nous admirons, trempés, depuis une passerelle construite sur le fleuve. Une superbe première journée !

Le lendemain, pas de frontière à franchir pour découvrir le côté argentin ! A 10h, nous sommes à pied d’œuvre, devant le petit train qui nous emmène jusqu’aux parcours didactiques des chutes. Sur des passerelles de béton, nous admirons les « saltos » que nous avions vus la veille du côté brésilien, et découvrons le furieux salto San Martin, que nous ne pouvions voir de l’autre rive.

Après un déjeuner au Sheraton (s’il vous plaît !) du parc, nous embarquons pour un tour en bateau sur le Rio Iguazú, et une belle douche sous les chutes ! Un peu court tout de même pour le prix… Enfin, le petit train nos emmena jusqu’au sentier de la gorge du diable, ou nous pûmes nous pâmer devant la grandeur de ces tonnes d’eau se précipitant dans le vide. De quoi donner le vertige aux esprits les plus cartésiens ! Nous eûmes aussi droit à un joli cadeau de départ, en la personne d’une grosse tortue aquatique et cinq ou six toucans resplendissants !

Durant ces quelques jours, nous avons côtoyé beaucoup de touristes ! La destination suivante était donc toute trouvée pour nous permettre de nous immerger de nouveau dans la vie locale : le Paraguay, l’un des pays les moins visités du continent !