Jusqu'alors, notre périple avait surtout été centré sur la découverte de temples et de sites historiques, autant de "vieilles pierres", comme diraient certains... Aussi avons-nous bientôt décidé qu'un peu de vert nous ferait le plus grand bien. Direction Khao Yai, le plus grand et le plus ancien parc national de Thaïlande, à la recherche des éléphants et des nombreuses autres bêtes sauvages qui le peuplent.

Nous avions projeté d'explorer le parc sur deux jours, en profitant d'un des campings du site pour la nuit, mais en ce week end prolongé, en pleines vacances scolaires et alors qu'un gigantesque concert sur 3 jours drainait toute la population de Bangkok sur place, on nous avait prévenu : le site serait bondé... Nous tentons quand même l'aventure et laissons nos sacs dans l'auberge où nous avions passé la nuit, en les informant que nous serions de retour dans deux jours.

Arrivés au parc, nous faisons du stop, seul moyen de se déplacer étant données les distances : le centre d'information et le point de départ des randonnées se situent ainsi à 14km de l'entrée du parc ! Le stop en Thaïlande est peu répandu, mais à Khao Yai, ça marche ! Deux minutes plus tard, nous voilà donc pris en charge... A l'arrivée, quelques hésitations : renseignements pris auprès du centre d'information, plutôt incompétent, les choses paraissent difficiles : un des sentiers qu'on souhaitait emprunter est fermé, une autre randonnée est annoncée comme prenant 7 heures, sachant qu'il nous faudra ensuite rejoindre le camping, 5 km plus loin... Malgré tout, nous décidons d'y aller mais, à l'entrée du chemin, nous trouvons un panneau "interdiction d'entrée", suivi d'un autre "activité interdite sur cette zone". Interloqués, nous rebroussons chemin et nous rendons de nouveau au centre d'information... pour nous entendre dire qu'il nous faut absolument un guide, sinon nous nous perdrons. Qu'à cela ne tienne, nous persévérons !

Première rencontre avec des bêtes féroces : des sangsues nous grimpent dessus ! Tartinage d'anti-moustiques, pour lutter aussi contre les tiques qui pullulent... Au final, pas de cobra royal, ni de crocodiles (malgré les panneaux de mise en garde), mais 5 heures de marche dans une jungle sauvage, sur des chemins à moitié recouverts d'arbres, entourés d'une végétation dense et de lianes impressionnantes, et là, tout en haut, oui, deux, non trois singes, des gibbons en pleines acrobaties ! Notre quête n'aura finalement pas été vaine ! Au terme de note première randonnée, de jolies cascades, dont une ayant servi de décor au film La Plage. Petite pause, et on enchaîne avec la deuxième randonnée qui doit nous conduire au camping. Cette fois, pas d'animaux mais une faune d'humains qui se densifie à mesure qu'on approche du camping. Au terme de 3 heures de marche, nous débarquons dans ce qui ressemble à Grand Place le week end précédant Noël : noir de monde, multicolore de tentes... Quel dépaysement !

Nous nous renseignons : "Reste-t-il de la place ?", "Oui, oui", "Où pouvons-nous planter la tente ?", "Où vous voulez !" Tiens, voilà un endroit où il n'y a personne ! Allons-y ! Nous commençons à sortir le matériel quand une famille arrive et nous annonce qu'ils ont réservé deux emplacements, dont celui-là. Nous retournons nous renseigner : "Ah non, en fait vous pouvez vous mettre partout, en dehors des espaces délimités..." Bref, là où tout le monde s'entasse, c'est ça ? Finalement, la famille qui nous avait délogés nous propose de nous laisser un de leurs emplacements dont ils n'ont plus besoin, et plus tard, nos charmants voisins viendront même nous proposer de partager leur barbecue avec eux. Soirée très agréable, à discuter de la Thaïlande, de la France, et à admirer une éclipse de lune et même une biche perdue dans le camping. Coucher à 21h, en perspective d'une nouvelle journée de marche à la recherche des éléphants !

Notre voeu ne sera cependant pas exaucé : après 4 heures de marche dans la jungle, la traversée d'une rivière à califourchon sur un tronc d'arbre et l'observation de quelques singes haut-perchés, nous voici arrivés dans une steppe abritant une tour d'observation. De là, vue imprenable sur une carrière de sel façonnée par l'homme pour y attirer les herbivores, en particulier les éléphants qui en sont friands, et accessoirement les carnivores qui attendent, à l'orée de la forêt, le moment propice... Mais au moment où nous arrivons, la tour d'observation est occupée par une colonie de vacances dont le vacarme fait fuir jusqu'aux oiseaux, puis suivront des familles avec enfants, qui iront jouer dans la carrière de sel. Aucune chance pour que le moindre animal ne s'approche...

Déçus, nous repartons donc, nous nous faisons prendre en stop par un bus qui s'avèrera finalement payant - et hors de prix, sortons du parc pour apprendre qu'il n'y a plus non plus de bus public pour regagner l'auberge. Le stop fonctionnera une fois encore, mais à l'auberge, mauvaise surprise : la patronne, sans doute aigrie car nous n'avions pas choisi sa formule de trek dans le parc - quelque peu onéreuse - nous annonce qu'il n'y a plus de chambre libre et qu'avec le concert, il y a de toutes façons peu de chances que nous en trouvions une dans les environs. Nous tentons un hôtel grand luxe 400 mètres plus loin, et c'est la même chanson. Dépités, nous leur demandons de bien vouloir appeler un taxi, pour regagner la grande ville et prendre un bus jusqu'à notre prochaine destination, à mi-chemin du Cambodge. Finalement, la gérante nous annonce qu'ils ont une chambre de libre, que notre prix sera le sien, et nous nous retrouvons dans une suite de luxe, pour trois fois rien, finissant en beauté ce périple mémorable !!! 

 Prochaine étape, qui ne manquera pas non plus de nous laisser un souvenir impérissable : les temples d'Angkor !